« La vie n’imite pas l’Art,
elle imite les mauvaises séries télévisées » avait
l’habitude de dire Woody Allen ; Il semble que l’affaire qui a secoué le
petit monde de l’Art Contemporain Français cet hiver valide ironiquement la
sentence du réalisateur de Manhattan.
Tous les ingrédients étaient en effet réunis pour produire une
série que n’aurait pas reniée HBO ou Showtime (un casting brillant, un scénario
percutant, une dose de suspens et de tragédie, un cliffangher haletant).
Le Casting
Revenons d’abord sur les deux rôles principaux.
La quarantaine visiblement saine et épanouie, les deux
protagonistes « présentent bien » ; ils font de parfaits jeunes
premiers du marché de l’Art.
Ils n’hésitent pas à jouer de leur image et de leur personne pour
promouvoir leur travail et sont en la matière plus proches du portrait que l’on
se fait de jeunes entrepreneurs de start-up, que de « gueules d’artistes »
comme elles sont gravés dans l’imaginaire collectif, de Van Gogh à
Toulouse-Lautrec, de Francis Bacon à Andy Warhol …
Ici, les affres de la création et les nuits sans sommeil n’ont pas
marqué les traits de nos créateurs qui pourraient aussi bien être propriétaires
d’un restaurant branché, DG d’une agence de communication ou jeunes galeristes
(l’un dans un style sobre, urbain, casual-chic,
classique et branché ; l’autre dans une version plus clinquante : cheveux longs,
chemise ouverte – toujours noire ou blanche - sourire aux lèvres et peau
légèrement tannée de circonstance).
A ma gauche
donc Xavier Veilhan ; artiste que l’on pourrait qualifier « d’institutionnel »
tant son parcours ressemble au curriculum-vitae parfait d’un bon élève du
marché de l’Art : depuis le début des années 2000, son parcours « sans
faute » est quasiment « algorithmique », il a pour ainsi dire « côché »
toutes les cases, qui lui ont permis de passer rapidement de son atelier aux
Foires Internationales, biennales, collections les plus prestigieuses et Musées
et ce à travers le monde.
Il est, pour parfaire le tableau représenté par l’une des galeries
les plus puissantes, véritable machine de guerre sur laquelle nous allons
revenir.
Le pedigree est parfait, indiscuté et indiscutable.
Ce qu’il convient d’appeler son « périmètre d’action »
est donc clairement défini et circonscrit : le marché de l’art
contemporain dans ce qu’il a de plus légitime, codifié, organisé et structuré
(premier et second marché), le point d’orgue étant la consécration de son
travail par l’exposition organisée au Château de Versailles en 2009, succédant
à Jeff Koons et précédent Takashi Murakami, Bernar Venet, Guiseppe Penone, Lee
Ufan, etc. on ne saurait être mieux entouré et adoubé.
A ma droite
Richard Orlinski, l’on serait tenté de penser qu’il est le « Den grimme
ælling » du marché de l’Art, mais ce n’est pas le cas, il vend beaucoup,
il a une clientèle fidèle et prospère, sa petite entreprise se porte bien, merci
pour lui.
Il ne fait pas partie du cénacle du marché de l’Art décrit plus
avant au sens aristocratique du terme mais il est objectivement partie prenante
au sens (très) large ; car quelle que soit la valeur et la portée que l’on
porte aux critères adoptés par ce marché, les classements l’attestent et les
juges l’ont comme nous allons le voir symboliquement validé.
Dans le microcosme artistique proverbialement mondain, poseur et
méprisant son nom n’évoquera rien (ou si c’est le cas l’on veillera
soigneusement à sursignifier par un mouvement d’épaule, ou un regard arrogant que
l’on ne « peut » pas, que l’on ne « doit » pas connaître
Richard Orlinski).
Si le patronyme remonte vaguement à la surface, alors l’on passera
du mépris (au pire) à l’ironie (au mieux), échappant rarement à la sentence
ultime : « Orlinski ? Ah…oui, je vois, ce n’est rien, c’est de la déco », il sera
immédiatement associé à toute une série d’artistes, dont par élégance nous
tairons les noms…
Inutile de dire que Richard Orlinski n’est pas considéré comme un
acteur « légitime » du marché et de ses acteurs ce qui concrètement
signifie qu’il est absent des Foires, biennales,
évènements les plus importants (FIAC, Documenta, Frieze, Art Basel, Armory Show),
qu’il n’est pas représenté par une galerie que l’on qualifiera « de
premier plan », et qu’il n’est pas non plus présent dans les collections
privées prestigieuses…
Mais l’on ne peut pas parler à son sujet à proprement parler de « paria »
: son territoire est « autre », les photos qu’il poste régulièrement
sur son site Internet, témoignent de son entregent et de ses accointances avec
des journalistes télés, des humoristes, de jeunes actrices en vogue ; on a
plutôt l’impression de feuilleter un magazine people que The Art Newspaper ;
mais peu importe puisqu’il semble parfaitement assumer voire revendiquer cette « position ».
Le personnage est en effet décomplexé, il assume le côté « commercial »
de ses œuvres (en convoquant Jeff Koons ou Damian Hirst) …
Il n’en demeure pas moins l’on ressent un léger malaise à
l’approche de son travail : une impression de « déjà-vu » ou de
« déjà-fait » ; des réminiscences, des emprunts :
systématiquement l’on ne peut s’empêcher de penser à d’autres … Car lorsqu’il
n’affiche pas lui-même clairement ses références dans ce qu’il appelle des « hommages »
(à Keith Haring, Niki-de-Saint-Phalle, Roy Lichtenstein dont les motifs sont directement
reproduits sur son œuvre iconique : un crocodile en résine gueule ouverte),
l’on ne peut s’empêcher de penser à d’autres artistes : Mel Ramos, Robert
Indiana, et évidemment Xavier Veilhan dont il n’ignore évidemment pas le
travail.
En effet, sans trancher la question soulevée par les juges, il y a
une certaine gène pour ne pas dire une vague nausée, pas tant sur le principe
même des sculptures animalières ou des objets communs customisés
caractéristiques d’une esthétique Post-Pop que nous qualifierons poliment de
Kitsch (qui sont monnaies communes et
vulgaires aujourd’hui sur le marché : des Bulldogs de Julien Marinetti, en
passant par les Bull- Terriers de Aurèle Ricard, les Bonbons géants de Jenkell
etc.) mais plutôt par des œuvres plus subtiles, qui reprennent des
caractéristiques formelles extrêmement précises qui sont la marque de la
personnalité et de l’œuvre de Xavier Veilhan et notamment un élément singulier
: un traitement 3D de certaines sculptures, les formes étant réduites à des
facettes triangulaires, qui rappellent les premières œuvres ou dessins assistés
par ordinateur. Reviens alors cette idée que la copie n’est après tout que la
médiocrité qui imite le talent.
Le concept « Born Wild » défini sous forme de manifeste par
l’artiste lui même (« [cela] consiste à transformer les pulsions vitales
négatives en émotions positives, à passer de l’instinct primordial à l’émotion
civilisé ») … ne signifie rien et ne sert qu’à justifier une démarche formelle
discutable… mais le discours est là et cela suffit semble-t-il à satisfaire ses
acheteurs.
Le seconds
rôles : les galeristes.
D’une côté, la Galerie Perrotin qui représente Xavier
Veilhan : c’est une galerie prestigieuse, « installée », représentant parmi les plus grands artistes
contemporains, parfois critiquée pour ses choix mais plébiscité pour avoir redonné
un coup de fouet à l’univers clos et exclusif des galeries et pour avoir
accueilli dans son écurie un savant mélange de « stars » du
marché (Maurizio Cattelan, Takashi Murakami, Elmgreen & Dragset) ;
d’artistes « pointus » et exigeants (Sophie Calle, Laurent
Grasso, Peter Weermeersch) et d’artistes inscrits dans l’histoire de
l’art (Germaine Richer, Jésus Raphael Soto, Pierre Soulages…)
De l’autre des galeries qui évoluent dans un autre
« territoire ». L’objectif étant d’attirer le (riche) chaland, les
lieux d’exposition sont stratégiques (stations balnéaires huppées, avenues cossues
des beaux quartiers) les œuvres sont immédiatement lisibles (point
d’abstraction, d’art conceptuel, d’installations savantes : il faut de la
figuration, avec une nette préférence pour l’hyperréalisme et surtout l’œuvre doit
« s’accrocher » ou se « poser » ; le cahier des charges
semble être le suivant : « simple », « joli » et « coloré »,
que l’on vend sous l’étiquette trompeuse, systématique et fourre-tout de
« Pop Art »… faute de mieux.
Le scénario
Episode
1 : L’attaque
Jusqu’à présent les deux artistes s’ignoraient superbement.
Evoluant chacun sous leurs cieux plus ou moins radieux, il n’avait aucune
raison, ni nécessité de se croiser… Tout allait pour le mieux dans le meilleur
des mondes fût-il sauvage et animalier…
Jusqu’au jour où des clients de Xavier Veilhan revenant de
Courchevel félicitent l’artiste pour ses oeuvres exposées sur les pistes de la
station… A ceci prêt que ce dernier n’a jamais exposé son travail au bord des
pistes ne présentant qu’une seule de ses sculptures au sein du très chic et prestigieux
Hôtel du Cheval Blanc … En réalité, on l’aura compris, l’œuvre qui lui était
attribué à tort pas ses propres clients étant en réalité d’une sculpture
monumentale de Richard Orlinski, en l’occurrence un Loup Blanc.
Piqué au vif (et conscient que le doute s’installe chez ses
propres collectionneurs) l’artiste réagit immédiatement en assignant Richard
Orlinski et ses galeristes sur le triple fondement de la contrefaçon, du
parasitisme et de la concurrence déloyale…
Cadeau au pied de l’arbre de celui qui est devenu son rival et
concurrent il accompagne son initiative judiciaire d’une stratégie de
communication subtilement menée avec un article retentissant dans le Quotidien
de l’Art du 24 décembre 2013 formulant clairement ses griefs par la voie de son
avocat : « Le travail de Xavier Veilhan est dépecé (sic) par
l’artiste Richard Orlinski, il dénature son travail en l’assimilant à une
production de masse »…
Qui plus est Xavier Veilhan choisit la voie judiciaire la plus
agressive mais aussi la plus audacieuse, celle des référés (procédure d’urgence
mais aussi de l’évidence) et qui plus un référé dit « à jour fixe »
qui laisse peu de voie à l’erreur ; il l’apprendra à ses dépens.
Episode
2 : La sentence
En attendant l’audience, chacun fourbi ses armes, aiguise ses arguments,
les avocats de chaque partie fournissent un énorme travail. Les uns pour
souligner la singularité et l’originalité de l’œuvre du demandeur et la
contrefaçon manifeste des son travail par Richard Orlinski, les autres pour
revendiquer l’originalité du travail de ce dernier, invoquant les innombrables antériorités
des sculptures animalières ; la stratégie du défendeurs tenant en quelques
lignes : le droit d’auteur et la propriété intellectuelle ne protègent pas
les simples idées ou concept, qui sont de libre parcours ; Xavier Veilhan ne
peut pas revendiquer la paternité ou le monopole d’un style et d’un genre ;
or les scrupules animalières, procéderaient-elles des mêmes techniques, d’un
esthétique proche, d’un approche semblable ne sont pas protégeables en soi…
C’est ainsi, que les juges (dont on rappellera qu’ils n’ont pas
vocation à se prononcer sur le mérite ou la qualité des œuvres comparées) ont -
dans un jugement rendu le 21 mars 2014 par le tribunal de grande instance de
Paris - débouté Xavier Veilhan de l’intégralité de ses demandes, le tribunal a en effet jugé qu’il n’existait aucun risque
de confusion entre les sculptures de Richard Orlinski et de Xavier Veilhan, pas
plus qu’une quelconque concurrence déloyale ou actes parasitaires.
Ainsi, le tribunal a écarté le grief de contrefaçon en considérant
que « la reprise alléguée par Monsieur Veilhan de son concept de bestiaire
monochrome dépourvu de socle constitue la revendication d’un monopole sur un
genre, lequel n’est pas appropriable au titre du droit d’auteur et ne peut
donner prise au grief de contrefaçon » (pour une analyse juridique du dossier
nous renvoyons à l’article « Contrefaçon : ses enjeux dans l’art
Contemporain », de Maître Alexis Fourniol, Journal des Arts, n°417 du 4
juillet 2014 » en regrettant toutefois que l’auteur se soit uniquement concentré
sur la question bien connue de la contrefaçon en omettant d’analyser le terrain
beaucoup plus prometteur et pertinent du parasitisme qui a donné lieu a de passionnantes
décisions récentes des juridictions et qui semble être aujourd’hui la voie la
plus pertinente).
Episode
3 : Après la bataille
La défaite de Xavier Veilhan a évidemment été largement relayée
par la presse y compris spécialisée (voir article du 1er avril 2014
du Journal des Arts et de manière plus surprenante le droit de réponse –
téléchargeable sur Internet - du Conseil de Richard Orlinski figurant dans le
numéro 513 du Quotidien de l’Art du 24 décembre 2014 et évoquant le jugement
rendu le 21 mars 2014 …), n’omettant pas de préciser que non seulement
l’artiste a été débouté de ses demandes, mais qui plus est qu’il a été condamné
à rembourser les frais de justice du défendeurs à hauteur de 35 000 euros.
Défaite sur toute la ligne donc, et cuisante … il n’y a qu’un pas pour parler
d’humiliation surtout dans la mesure où Xavier Veilhan a lui même initié
l’attaque.
Il n’est pire défaite que celle que l’on met en scène.
Evidemment Richard Orlinski s’est empressé de communiquer sur sa
victoire en des termes choisis :
« C'est
une grande victoire que vient de remporter Richard Orlinski - artiste majeur de
l'art contemporain, suite à un procès qui leur avait été lancé cet hiver par la
Galerie d'Emmanuel Perrotin et l'artiste qui avait exposé au Château de
Versailles, Xavier Veilhan.»
« Attaqué sur de prétendus actes de contrefaçon et de concurrence déloyale, (…) le tribunal de grande instance de Paris a, par jugement du 21 mars 2014, rejeté en bloc toutes les demandes du galeriste parisien et de son artiste. »
Le Tribunal a justement reconnu l’originalité du travail de Richard Orlinski, qui est un artiste à part entière et dont les œuvres ont une originalité propre. »
L’on notera que paradoxalement, une décision de justice qui encore
une fois ne juge pas le mérite, la légitimité, l’originalité, ni la singularité
d’une œuvre - mais doit apprécier in
concreto les critères objectifs permettant de juger de la réalité d’actes
de contrefaçon, de parasitisme ou autres - est immédiatement instrumentalisée
pour précisément ouvrir le champs à une reconnaissance artistique de
l’œuvre de l’artiste … Effet collatéral et pernicieux où la justice
vient au secours d’un artiste en quête de légitimité artistique que lui offre
sur un plateau les juridictions.
De son côté, Xavier Veilhan et son Galeriste restent muets et
semblent ne plus vouloir évoquer l’affaire voulant vraisemblablement tourner la
page de ce qui ressemble à une cuisant échec à tel enseigne, qu’à notre
connaissance il n’ont pas relever appel de la sentence.
Mais la victoire de Richard Orlinski n’est elle pas qu’une
victoire à la Pyrrhus ; selon toutes vraisemblance, cette décision n’aura
pas d’effet sur sa clientèle habituelle, qui était déjà persuadée de la qualité
et de la pertinence de son travail, mais il est aussi peu probable qu’elle impacte
sur de nouveaux potentiels acheteurs. La défaite de Xavier Veilhan affectera quand
à elle peu ses admirateurs et le marché.
Si donc ce n’est pas Waterloo pour le poulain de la Galerie
Perrotin ce n’est pas non plus Arcole pour le défendeur.
Prologue :
Que reste-t-il lorsque l’été arrivant, lorsque l’on revient sur
ces événements ?
Car en effet en creux se pose une question essentielle, celle de
la valeur artistique intrinsèque des deux artistes mais plus encore du travail
de Xavier Veilhan, mais avant tout sur la question de la
« perception » de cette valeur.
Car si jusqu’à présent, il était admis par le marché que Richard
Orlinski évoluait dans le périmètre de la « décoration » et Xavier
Veilhan celui de l’Art, la décision du tribunal est venue redistribuer les
cartes.
Mais au delà des arguments juridiques que nous dit cette
décision ?
Comme l’écrivait en 2011 Dominique Gonzalez-Foerster « C’est
quand la question se pose de savoir que si c’est encore de l’art que ca devient
intéressant. ». Car, en substance la question qui se pose est celle de savoir
si Xavier Veilhan et sa galerie ne sont pas trompés de combat ou pire de
moyens, ne fallait-il pas laisser Richard Orlinski poursuivre sa carrière sur
son « territoire » qui n’est pas réellement concurrent, un simple effort
de pédagogie et une communication bien ciblée eut peut être été suffisants.
A lieu de cela, Xavier Veilhan a cru devoir interrogé incidemment les
juges sur la « valeur » de son œuvre (ce qui n’est pas le rôle des
juridictions), car exprimé très simplement, si les propres clients de Xavier
Veilhan interrogent l’artiste sur des œuvres qu’ils pensaient être de sa main,
et que lui-même considère que le travail de Richard Orlinski est une version
diminuée des son œuvre, dès lors que le tribunal vient sanctionné son
initiative (et sévèrement), l’on est tenté de remettre en cause précisément la
valeur du travail de l’artiste, et de se demander quelle est la place de
l’œuvre du demandeur : est-elle justifié ? Légitime ?
Des frontières qui semblent infranchissables et étanches pour
certains, des « territoires » pour reprendre la sémantique
Deleuzienne, qui semblent inconciliables sont en réalité plus poreuses pour certains
qui sont moins informés (en l’occurrence les acheteurs de Xavier Veilhan qui
ont confondus de bonnes foi les œuvres et ses créateurs, et par extension le tribunal
qui sans le dire noir sur blanc pose la question de l’originalité à l’œuvre du demandeur).
Se pose en filigrane la question de la réalité et de l’effectivité
de ses frontières.
N’existent-elles que dans
l’esprit de certains ? Ne sont-elles pas artificielles ? Comment juger
si le travail de l’un est plus valable / recevable que l’autre ? Quels
sont les critères pertinents : l’appréhension du acteurs autorisés de monde
de l’art / celui de l’argent ?
Dans un camp on oppose les critères objectifs (Richard Orlinski
fait partie des 7 français parmi les 500 artistes contemporains vivants au
regard des résultats de vente aux enchères, classement dans lequel Xavier
Veilhan n’apparaît pas) aux critères subjectifs du milieu de l’Art que nous
avons décrit en introduction.
La vérité est que les deux camps ont tous deux raisons selon leurs
propres critères ; mais l’on se rend compte que ces combats sont vains et
n’agitent que quelques acteurs directement concernés ; de même qu’il
serait vain de comparer le mobilier d’IKEA à celui d’Habitat, celui d’Habitat à
celui d’un Conran Shop ou d’un Silvera ; les métiers, sont en effet à la
fois absolument identiques et résolument différents, tout est affaire
d’appareil critique, de corpus, de logique de marché et autres contingences.
Chacune des parties se persuade qu’elle à raison « contre » l’autre
si bel et bien que cette saga n’a précisément comme les séries américaines ni
morale, ni message ; l’on ne peut s’empêcher de penser que les querelles,
revendications, batailles d’égo, luttes picrocholines du marché de l’Art on
comme les œuvres elles même et pour reprendre les mots de Georges Steiner
« l’irrésistible splendeur de l’inutile ».
Oscar
Sterling
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